Atelier 5 : le mouvement

Enjeux pédagogiques

Faire découvrir aux enfants comment créer du mouvement à partir d’images fixes. Aborder le principe optique du cinéma.

Matériel

Pour le phénakistiscope :

  • Des feuilles de papier canson épais, de format 20 x 20 cm (une feuille par enfant)
  • Une paire de ciseaux
  • Un patron de phénakistiscope (à télécharger ici)
  • Des punaises
  • Des bouchons de liège
  • Un miroir.

Pour les images :

  • Des gommettes OU des images imprimées décomposant un mouvement (à télécharger ici) OU un appareil photo numérique
  • Un ordinateur et un logiciel de traitement d’image type Photoshop
  • Une imprimante.

Introduction

Avant que le cinéma n’existe, on a tenté par divers moyens de montrer à des spectateurs des images en mouvement. Grâce à d'ingénieux systèmes optiques ou mécaniques, la lanterne magique put ainsi proposer des plaques animées dès son apparition, au XVIIe siècle.

Au début du 19e siècle apparaissent les jouets optiques, dispositifs aux noms savants permettant de créer des boucles animées constituées de quelques images : le zootrope, le phénakistiscope, le praxinoscope. Toutes ces machines fonctionnent selon le même principe : on décompose le mouvement image par image puis, afin que l’œil puisse percevoir le mouvement en question à partir de ces images fixes, on les fait tourner rapidement en séparant chacune d’elle par un intervalle noir, nécessaire pour que l’œil et le cerveau perçoivent les images l'une après l'autre et synthétisent leur mouvement.

Le même principe va permettre de mettre au point des machines qui donneront à voir plus que quelques secondes d’images en mouvement. Le Kinétoscope de l'AméricainThomas Edison est la première machine à regarder des films, mais individuellement et sans projection. En France, le scientifique Étienne-Jules Marey travaille à de nouvelles possibilités de prises de vues à la fin du XIXe siècle. Physiologiste de métier, Marey a besoin d’étudier le mouvement des hommes et des bêtes. Il utilise tout d’abord une méthode consistant à relier les différentes parties du corps en mouvement à des fils et à des stylets qui dessinent des tracés, mais elle échoue pour le vol des oiseaux. S'inspirant des travaux de l'Américain Eadweard Muybridge, qui un peu avant lui a analysé le mouvement humain et animal à l'aide de photographies successives, Marey construit un appareil permettant de prendre une vingtaine de photographies à la suite. C’est la première caméra connue. Les frères Lumière s’inspireront de ses travaux ainsi que de ceux de Muybridge et d'Edison pour construire leur Cinématographe.

On montrera avec profit quelques-unes des vues de Marey, la série d’animaux qui tombent étant peut-être la plus remarquable. Pour comprendre pourquoi le chat est le seul animal à retomber sur ses pattes, Marey enregistre les chutes successives de divers animaux, et du chat lui-même.

L'ensemble des films chronophotographiques d'Étienne-Jules Marey est visible ici.

Le phénakistiscope

Le jouet optique le plus simple à fabriquer est le phénakistiscope, il ne nécessite qu’un disque de carton, une punaise et un bouchon de liège. En revanche, regarder à travers ses fentes afin de percevoir le mouvement demande un petit apprentissage. L’objet qu'on fabrique souvent avec des enfants pour aborder l'analyse-synthèse du mouvement est le folioscope ou flip-book, petit livre dont on fait défiler les pages avec le pouce. Le principe du phénakistiscope est le même, seul l’objet diffère.

On trouvera ici les étapes de fabrication du phénakistiscope, et ici un gabarit prêt à imprimer.

S'il n’est pas question de faire dessiner les différentes phases d’un mouvement à de très jeunes enfants, on peut leur demander de décomposer un mouvement avec leur corps et de prendre en photo chaque étape de cette décomposition. Un enfant peut par exemple lever progressivement les bras en l’air : une première photo est prise avec les bras le long du corps, puis une autre avec les bras qui s'en décollent un peu, et ainsi de suite. Pour que le mouvement fonctionne, il faut qu’il puisse former une boucle, c’est-à-dire que le point d'arrivée du mouvement doit se confondre visuellement avec son point de départ. Pour une décomposition en douze images, il faut que les bras de l'enfant se rejoignent au-dessus de sa tête à la sixième image afin de se retrouver le long du corps à la douzième image.

N’importe quel mouvement peut être ainsi photographié, à condition qu’il soit assez ample pour être vu sur de petites photographies, dont la qualité d'impression ne sera peut-être pas optimale. L’enfant peut tourner sur lui-même, deux enfants peuvent faire une ronde ensemble ou se serrer la main, etc.

Une fois les photographies réalisées, il faut les imprimer en mode vignette avec un logiciel de traitement d’images. Il suffit ensuite de les découper et de les coller entre chaque fente du phénakistiscope.

Pour un exercice plus rapide et demandant moins de matériel, on peut demander aux enfants de faire grossir et rapetisser des gommettes. Il faut disposer de gommettes d'au moins six tailles différentes, et de même forme. On demande aux enfants de les placer dans un ordre de taille croissant puis décroissant, entre chaque fente du phénakistiscope. On peut aussi donner aux enfants les images des étapes d'un mouvement imprimées et découpées à l’avance, qu'on leur demandera de remettre dans l’ordre et de coller dans le phénakistiscope.

Il est parfois difficile pour les plus petits de mettre dans l’ordre les étapes d’un mouvement. Le mieux est de les laisser faire des essais, de les faire progresser en leur posant des questions, de leur montrer soi-même des gestes divisés en étapes pour leur donner des exemples d'analyse du mouvement.

Une fois l’objet réalisé, on propose aux enfants de regarder à travers les fentes du phénakistiscope dans un miroir, comme ceci :

phénakistiscope

Pour aider les enfants à bien voir à travers les fentes, suggérez-leur de faire comme s’ils regardaient à travers le trou d’une serrure : on ferme un œil et on s’approche très près de la fente avant de faire tourner la machine. Il faut laisser aux enfants le temps de l'émerveillement, pour qu'ils puissent regarder leur boucle mais aussi celles des autres (l’idéal étant de disposer de plusieurs miroirs à pied que l'on pose sur une table).

Une fois l'expérience terminée, on peut expliquer que le cinéma fonctionne de la même manière : c’est une suite d’images fixes correspondant à différents instants d'un mouvement et qu’on fait défiler très vite, avec un intervalle noir entre chaque image. Si l'on dispose de pellicule de film, c’est le moment d'en faire circuler un morceau pour donner à observer chacune des petites images (les « photogrammes ») qui le composent.

Pour conclure cet atelier, on peut regarder ce film d’animation ludique et instructif, qui porte sur le principe de l’image par image.

Ressources pour l'atelier 5

Pour une histoire des jouets optiques, on lira le parcours pédagogique Pré-cinéma proposé par Upopi.

De nombreux exemples de disques de phénakistiscope sont disponibles sur Internet, comme ici.

SUITE


 

Autrice : Anne Charvin, chargée de missions à l'association « Les Enfants de cinéma ». 
Supervision : Jean-François Buiré. Ciclic, 2016.